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Le Webmaster est le couteau suisse du Web ! Selon la structure dans laquelle il évolue, il peut assurer tout à la fois le rôle de webmarketeur, webdesigner, chef de projets… Son atout : la polyvalence. Découvrez l’expérience et le point de vue de Yoann Grange, Webmaster.

1. Pouvez-vous nous présenter votre activité en quelques mots ?

Bonjour, mon intitulé de poste actuel est « webmaster » comme c’est souvent le cas dans des entreprises en cours de digitalisation ou ne considérant que très vaguement le canal web ou, de manière étendue, le numérique. Je travaille à Manitou depuis plus de 2 ans. C’est une entreprise de conception, d’assemblage et de distribution de matériels de manutention dans le monde entier. Je me charge de la marque Manitou sur Internet. Ça comprend le site web (gestion de contenus multilingues, suivi des développements, gestion de l’hébergement, référencement), les réseaux sociaux, les noms de domaines, les applications web et natives (développement ou suivi de projets), le reporting des web analytics.

2. Quel est votre parcours ?

J’ai une maîtrise en langues étrangères appliquées et un master Caweb (création, gestion et localisation de contenus web). J’ai exercé différents métiers autour du web : e-marketeur, référenceur, intégrateur, chef de projet web, webmaster, webdesigner… J’ai travaillé dans des grands groupes internationaux (tourisme, industrie), des agences et des start-ups. Pendant mes études, j’ai aussi fait plein de petits boulots différents. J’ai aussi été photographe freelance et traducteur.

3. Le terme Webmaster recouvre souvent des définitions différentes selon les missions réalisées par le professionnel, la structure dans laquelle il évolue. Quel Webmaster êtes-vous ?

Oui, c’est vrai, très souvent le terme en lui-même reflète le manque de compréhension du métier. Je rencontre de moins en moins de « webmasters » tels qu’on les a connu dans les années 90 ou 2000. Leur disparition s’explique par deux raisons principales. La première, financière, les entreprises tendent à externaliser cette fonction au sein d’agences. La seconde, la spécialisation qui tend à faire disparaître un métier généraliste et donne de la place à une équipe de profils très calibrés (développeurs, intégrateurs, designers, data analystes, administrateurs systèmes, …). Dans mon cas, je suis le webmaster couteau-suisse. C’est pas vraiment pratique pour couper quelque chose mais ça permet de faire plein de choses. Ça dépend beaucoup de la structure dans laquelle vous travaillez. À Manitou, je suis sollicité sur beaucoup de sujets.

4. Quels outils / langages/ privilégiez-vous ?

J’ai souvent une préférence pour ce qui est open-source, gratuit et accessible. Par conséquent, ça favorise très régulièrement les applications web aux applications natives, les libraries open source ou outils gratuits en ligne aux clients lourds propriétaires. Cela dit, je n’ai pas d’a priori. Tout dépend du besoin et des contraintes. Si cela a du sens et que c’est suffisamment performant, pourquoi pas. J’essaye toujours de tester les outils qui me semblent les plus disruptifs par rapport à tout ce qu’on connait depuis 10 – 15 ans et ça m’a fait quitter un bon nombre de « logiciels » : Powerpoint, Word, Excel, Suite Adobe… En résumé, j’utilise énormément Sublime Text, Sketch & iMovie. Tout le reste est une longue liste d’outils en ligne. Pour ce qui est des technologies de programmation, je n’ai pas de préférence. J’ai plus d’habitude avec PHP & JavaScript et j’ai du mal à faire des choix entre différentes technologies en fonction du besoin. Je n’ai pas le recul d’un développeur.

5. On reconnaît souvent que le Webmaster est polyvalent. Mais en étant multitâche, ne risque-­t-­il pas de se perdre ? Et de fait, quelles compétences doit-­il prioriser ?

C’est le plus gros risque. Se perdre dans un nuage de compétences sans en améliorer une en particulier, finir par stagner et ne plus rien apprendre d’un univers qui sort 10 technologies par jour. Et pourtant, pour certaines structures, a priori en voie d’extinction, c’est un poste très utile. Les plus mauvaises d’entre elles vont encore mettre entre 5 et 10 ans à comprendre ce qui est en train de se passer et vont amorcer cette phase qu’on entend souvent être appelée « digitalisation » (à tort). Je pense que le webmaster, en fonction de son niveau sur différents sujets, est un passeur de relais. Il vient dans une entreprise, l’aide à se sortir de ses difficultés autour du web et s’en va vers une autre entreprise. C’est pour cette raison que les agences ont encore un vrai rôle à jouer. Malheureusement, elles ont préféré se laisser tenter par l’industrialisation de la production de sites web que par l’accompagnement durable et la gestion de contenus. On ne peut pas leur reprocher, les clients préfèrent souvent refaire un site que de le faire vivre, pour des raisons de coûts, d’image…

6. Quels conseils donneriez-vous à un débutant souhaitant se lancer dans le métier de Webmaster ?

Ne pas se lancer. Se spécialiser tôt. Éviter les formations coûteuses et généralistes. Faire des stages (même sans convention) pour mieux appréhender les différents métiers du web. Fréquenter des start-upers éveillés. Ne jamais rater une occasion de shipper (NDLR : publier, mettre en production) un produit (même inutile, mal codé ou moche). Shipper du code, du design ou du contenu vous permet d’avoir de l’interaction avec des utilisateurs et vous permet d’être acteur de l’écosystème. Ça donne du relief à votre manière de voir le monde. Accessoirement, ça vous permet de vous constituer un book. Si possible (mais ça a perdu de son charme) tenter des start-up week-ends, des code in the dark ou des événements de ce genre. N’achetez pas de livres, empruntez-les ou mieux, faites ! Apprenez de vos erreurs, faites à nouveau.

 

7. Un peu de culture Web : où puisez­-vous l’inspiration ? Quels sont vos « incontournables » quand vous faites votre veille ?

Twitter, HackerNews & Medium, principalement. Mais il y a pas une seule et unique « bonne source ». Tout est question de recul sur la source, de confrontation de points de vue et de capacité à se faire sa propre opinion. Le pluralisme, c’est la quintessence du web.

http://www.yoanngrange.com/