Charly PATRAULT, directeur du CEFii et chercheur en sciences cognitives, s’est consacré ces dernières années à l’étude de ces sujets passionnants. En collaboration avec l’Université Paris 8 et le laboratoire CHArt (Cognition Humaine et Artificielle), il a mis en place une approche pédagogique innovante pour l’apprentissage de la programmation informatique. Dans cette perspective, il nous présente avec enthousiasme les concepts de classe inversée et de classe renversée, deux méthodes pédagogiques innovantes qui trouvent leur place au sein du CEFii.
La classe inversée
« Lorsque l’on utilise la classe inversée on fait travailler les élèves ou étudiants avant qu’ils n’assistent au cours. L’objectif est de consacrer du temps à la lecture du cours avant la session en présentiel. Lorsque les élèves sont ensuite en cours, ils profitent du professeur et ce moment là est un moment dédié avec lui où ils vont pouvoir approfondir des notions et où l’on va pouvoir répondre à ses questions. Les apprenants vont pouvoir se focaliser sur des exercices et avoir des échanges entre eux ou avec le professeur, ils vont pouvoir réaliser des ateliers et des projets divers. L’objectif de cette méthode est vraiment de séparer l’acquisition des connaissances, donc ce qui se passe avant le avant le cours, avec le moment en cours présentiel où l’on va créer de la compétence en pratiquant tout ce qui a été vu avant. D’où cette notion d’inversée. »
La classe renversée
« La classe renversée c’est tout autre chose. Les élèves sont présents avec le professeur pendant le cours. Il n’y a pas de travail préalable. Mais pendant ce temps de classe les élèves vont créer le cours, créer son architecture, imaginer des exercices et donc mettre en pratique directement. Ils sont beaucoup plus acteurs en créant le cours et donc : implication, motivation et apprentissage sont au rendez-vous. Cette méthode de la classe renversée s’inscrit directement dans un terme à la mode : que l’on appelle le « do it by yourself » c’est-à-dire faire par soi même.
Ces sessions se terminent par une exposition du cours par un groupe d’étudiants à un autre groupe. Cela permet à ceux qui ont travaillé une partie du cours de conforter leurs acquisitions en synthétisant et en mettant en forme tout ce qu’ils ont appris et l’autre groupe est généralement bien plus attentif que lorsqu’il s’agit de leur professeur habituel. Il est très intéressant d’observer ce changement d’attention lorsque les étudiants font cours et ils sont généralement beaucoup plus stricts que leurs professeurs pour exiger de l’attention et que personne ne pianote sur son téléphone ou ordinateur. C’est en ce sens aussi que cette méthode est intéressante. Car elle permet de gérer autrement son groupe d’apprenants. Et je le rappelle le formateur est toujours présent et ne délègue pas son travail aux étudiants. Il a plutôt un rôle d’animateur que de sachant et aujourd’hui cela change tout. »
Mise en oeuvre
« Pour vous donner un exemple nous avons mis en œuvre cette méthode en janvier avec nos développeurs web. Ce cursus vise à former des pros du code c’est ce qu’ils aiment et c’est ce qu’ils veulent faire tout le temps en formation. Mais pour apprendre par exemple à développer des plugins pour WordPress, il faut connaître le fonctionnement de ce CMS et donc passer par quelques jours de formation à la prise en main de l’outil. Faire cours à de futurs développeurs en cours magistral académique, c’est le fiasco assuré ! Nous avons donc créé plusieurs groupes de 4 personnes avec une thématique précise pour chaque. Ils ont créé un cours, des exercices qu’ils ont fait faire ensuite aux autres groupes.
Le bilan est simple et sans appel à la sortie de la salle de cours : la journée était agréable pour tout le monde, la bonne humeur régnait et l’acquisition des compétences sur le back-office a été au moins 3 fois plus rapide ! «
Classe inversée ou classe renversée : quel choix ?
« Comme dans beaucoup de domaines la solution est sûrement dans l’équilibre. Et en neuropédagogie plus qu’ailleurs nulle solution ne peut se suffire à elle même et supplanter les autres. Et puis de quel domaine parle t-on ? D’apprendre l’anglais à des élèves de primaire ou du développement informatique à des étudiants post-bac ? Il me semble donc important d’alterner les différentes méthodes.
Par exemple proposer une classe inversée à des étudiants qui sont déjà aguerris au niveau du code et non pas à des débutants. Les débutants préféreront être accompagnés de manière générale. Pour la classe renversée elle s’adapte très bien à des cours de gestion de projet ou de prise en main de logiciel comme WordPress.
Pour la classe inversée, c’est envisageable pour des enfants sur un cours de temps en temps qui ne présente aucune difficulté conceptuelle. Il en va de même pour les adultes je ne vois pas comment on peut appliquer cette méthode sur un enseignement trop complexe. On risque là de démotiver les moins forts et créer des groupes de niveaux. Donc à utiliser de temps en temps mais attention.
En espérant vous avoir éclairé sur ces 2 méthodes pédagogiques, je vous laisse faire vos choix maintenant ! »
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